Le « Courant syndicaliste révolutionnaire » est-il anti-anarchiste ?
Article mis en ligne le 29 septembre 2015

par Eric Vilain

Ajout du 29 septembre 2015.

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Deux textes écrits par le « Courant syndicaliste révolutionnaire » (CSR) ont attiré mon attention à cause du discours que tient ce courant par rapport à l’anarchisme et l’anarcho-syndicalisme :

♦ « La CFDT et le syndicalisme révolutionnaire » ;

♦ « Histoire de l’Internationale syndicale rouge » ;
J’ai ensuite lu un troisième texte :

S’y ajoute un troisième texte :

♦ « L’anarcho-syndicalisme contre le Front Unique », qui ne dit rien de nouveau sur le fond par rapport aux deux premiers textes que je mentionne, mais qui confirme mes premières impressions : le CSR est clairement anti-anarchiste et anti-anarcho-syndicaliste.

Cela dit, on a parfaitement le droit d’être anti-anar, et de le dire. Cela relève d’un simple débat d’idées. Mais l’argumentaire du rédacteur de ces textes révèle une invraisemblable manipulation des faits, la mauvaise foi et la déformation. Et aussi une incroyable tendance à récupérer des mouvements comme étant « syndicalistes révolutionnaires », alors qu’ils n’ont absolument rien à y voir.

L’argumentaire de notre théoricien du « SR », comme il dit, se fonde sur :
– la négation du caractère répressif du gouvernement communiste en Russie, répression qui s’est exercée contre le mouvement ouvrier dès 1918. (rappelons que la Tchéka a été fondée dès décembre 1917), et atteignant un pic en 1921 avec la répression de l’insurrection de Kronstadt et du mouvement makhnoviste. Avec l’interdiction des tendances au 10e congrès du parti, toute démocratie à l’intérieur du parti est brisée. À l’extérieur, cela faisait longtemps qu’elle l’était.

– L’affirmation que l’Internationale syndicale rouge, le pendant syndical de l’Internationale communiste, était une organisation syndicaliste révolutionnaire, indépendante de l’Internationale communiste, et qu’elle aurait pu constituer une alternative au gouvernement bolchevik jusqu’en 1928.

– La condamnation du retrait des anarcho-syndicalistes de l’Internationale syndicale rouge pour fonder l’AIT à Berlin en 1922, retrait qui serait motivé par des erreurs d’analyses et par opportunisme et non comme conséquence d’une analyse de la nature répressive et anti-ouvrière de l’Etat russe.
– La condamnation du refus des anarchistes à adhérer à la politique du « front uni » décidée par l’Internationale communiste et imposée aux partis communistes adhérents, laquelle politique impliquait entre autres choses la participation des partis adhérents à l’Internationale aux élections et la constitution de fractions communistes dans les organisations syndicales pour en prendre le contrôle.