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Encyclopédie anarchiste : Unité prolétarienne
Pierre Besnard
Article mis en ligne le 27 septembre 2011
dernière modification le 23 octobre 2011

par Eric Vilain

Au lieu de s’adresser en frères au syndicalisme français, dont l’immense majorité était absolument acquise à l’idée de la révolution sociale dans son propre pays, les dirigeants russes tentèrent de lui imposer brutalement, par des moyens obliques et des procédés condamnables, leur propre conception de la lutte, leur doctrine et leur discipline : toutes choses qui firent se cabrer quantité de militants tout disposés à la lutte, mais qui voulaient rester maîtres de leur action, de leur tactique, et se refusaient à agir comme des petits garçons qu’on morigène à tout instant.
Cette attitude des révolutionnaires russes eut une autre conséquence : elle fournit des armes aux dirigeants de la C.G.T. peu enclins à engager une bataille de cette envergure.

Ces faits ne se passèrent pas qu’en France. Tous les prolétariats de l’Europe et même du monde, dont le concours était pourtant absolument nécessaire, furent traités avec le même mépris, avec la même ignorance des faits, sur la foi de renseignements donnés à Moscou par des hommes qui n’avaient aucune qualité pour remplir un tel rôle.

L’échec de la révolution européenne, de la révolution mondiale peut-être, vient exclusivement de l’incompréhension totale, par les dirigeants russes, du mouvement des autres pays, de leur autoritarisme, de leur mépris des militants et des organisations régulières de ces pays.

Si, au lieu d’agir ainsi, les hommes qui dirigeaient la révolution russe avaient compris que les peuples agissent selon les caractéristiques de leur propre génie, ce qui exclut l’uniformité mais crée l’harmonie dans la diversité ; s’ils avaient fait loyalement et directement appel aux centrales syndicales et à leurs militants, en les laissant libres du choix de l’heure, des moyens et du but, il n’est pas douteux que la révolution sociale serait devenue, à très brève échéance, une réalité sur le plan où elle était possible et nécessaire pour assurer, avec le salut de la révolution russe, le succès de la révolution européenne et, sans doute, mondiale.