GASTON LEVAL Espagne 36-39. – Chapitre III : L’industrie et les services publics
Article mis en ligne le 2 décembre 2012

par Eric Vilain

Avant de décrire les réalisations constructives de caractère industriel,
oeuvre des syndicats, et que pour cette raison nous appelons de préférence
« syndicalisations » comme nous les avons appelées en Espagne même à
l’époque, ajoutons quelques précisions supplémentaires. Ce qu’on a appelé
« collectivités » et « collectivisations » dans les régions agraires n’a été, en
somme, sous des formes diverses et toujours voisines, que ce qu’auparavant
on appelait socialisation. Mais socialisation véritable.

Comme nous l’avons montré, collectivités et collectivisations
embrassaient alors l’ensemble solidaire des habitants de chaque village, de
chaque commune, ou de chaque collectivité fragmentaire organisée par ceux
qui l’intégraient. On n’y trouvait pas de différence de niveau de vie ou de
rétribution, pas d’intérêts divergents de groupes plus ou moins séparés. La
grande loi était celle de l’égalité et de la fraternité, dans les faits et au
bénéfice égal de tous.

Mais dans ce qu’on a appelé les collectivisations industrielles, surtout
dans les grandes villes, et comme conséquences des facteurs contradictoires
et d’opposition nés de la coexistence de courants sociaux émanant de
classes sociales diverses, les choses allèrent différemment. Trop souvent, à
Barcelone et à Valence, les travailleurs de chaque entreprise prirent
possession de l’usine, de la fabrique, de l’atelier, des machines, des matières
premières, et profitant du maintien du système monétaire, et des rapports
commerciaux propres au capitalisme, organisèrent la production pour leur
compte, vendant à leur profit le produit de leur travail. Le décret de 1936
légalisant les collectivisations ne leur permettait pas davantage, et cela
faussait tout au départ.