FAUX SOCIALISTES, FAUX ANARCHISTES, VRAIS CLERICAUX !…
Alexandre Hébert à propos de l’Alliance syndicaliste (1973)
Article mis en ligne le 10 février 2013

par Eric Vilain

FAUX SOCIALISTES, FAUX ANARCHISTES, VRAIS CLERICAUX !…

L’Alliance Syndicaliste "courant syndicaliste
révolutionnaire et anarcho-syndicaliste d’expression
française" nous a fait tenir un "communiqué de presse".

Le voici :

« Le groupe "Fernand Pelloutier" dans son mensuel
"Anarcho-Syndicalisme" d’avril 73 conseille à ses lecteurs
de soutenir les listes présentées par l’école émancipée pour
un front unique ouvrier, tendance-fraction dirigée par
l’organisation communiste internationaliste (O.C.I.), dite
"groupe Lambert” dans les récentes élections pour le
Syndicat National des Instituteurs.
« Au cours d’une réunion publique à Limoges lors de la
récente campagne électorale, Alexandre Hébert soutint la
candidature d’un membre de l’O.C.I. et invita à voter pour
lui. Le groupe Fernand Pelloutier et Alexandre Hébert
suivent en cela leur politique de base : créer une tendance
"lutte de classes" dans le mouvement ouvrier et notament
dans les organisations syndicales qui réuniraient les
syndicalistes libertaires et les trotskystes de l’OCI.
« L’Alliance Syndicaliste tient à rappeler qu’elle est
opposée absolument à tout travail organique de tendance
avec les marxistes-léninistes de quelque groupe que ce soit.
Déjà au cours de l’armée 1971, le groupe animé par
Alexandre Hébert mettait l’alliance devant le fait accompli
d’un accord public avec l’ .E.E.-O.C.I. pour les élections au
S.N.I. de Loire-Atlantique.
L’Alliance Syndicaliste considère que ces pratiques et ces
prises de position sont extérieures à l’anarchosyndicalisme.
« Le Comité Fédéral de l’Alliance Syndicaliste. »

Ainsi, "L’Alliance Syndicaliste" décrète que nos "pratiques
et prises de positions sont extérieures à
l’anarchosyndicalisme".
Remarquons tout d’abord que les camarades de
l’Alliance Syndicaliste sont sans complexe. Un certain
nombre d’entre eux ignorant totalement l’histoire et la
réalité des différents courants anarchistes et il a fallu, il y
a quelques années, se battre pour qu’ils acceptent de ne
pas se considérer seulement comme des syndicalistes
révolutionnaires.
(Il est vrai qu’à l’époque, la différence entre le
syndicalisme révolutionnaire et l’anarcho-syndicalisme
semblait leur échapper !) Qu’importe ... Aujourd’hui, les
voilà gardiens vigilants de l’orthodoxie et excommuniant
allègrement ceux qui n’acceptent pas de se plier à leur
discipline ... Curieux anarcho-syndicalistes !
Mais voyons un peu ce qu’ils nous reprochent.
Tout d’abord notre soutien aux listes de l’Ecole
Emancipée F.U.O.. Mahé s’en explique plus loin.
Je me bornerai donc à faire observer qu’il s’agit tout
simplement d’une alliance en vue des élections aux
organismes statutaires de la F.E.N. et sur la perspective
de la création d’un courant lutte de classes (et non d’un
"travail organique de tendance" (sic)... mais nos
néophytes connaissent-ils seulement la différence entre
tendance et courant ?).
Par contre, si nos souvenirs sont exacts, il n’y a pas si
longtemps, certains militants de l’ASRAS pouvaient en
toute tranquillité appartenir à la tendance Ecole
Emancipée SR et y rencontrer (organiquement !) les
"trotskystesléninistes" de Krivine. Il est vrai qu’alors, ces
derniers entretenaient les meilleurs rapports avec leurs
bons amis de la C .F.D.T. Mais les choses ont changé.
Depuis 1971, la chasse aux sorcières est officiellement
ouverte à la C.F.D.T. et les trotskystes de Rouge se font
tirer comme des lapins.
Le communiqué de presse me fait personnellement grief
d’avoir, à Limoges, "soutenu la candidature d’un membre
de l’O.C.I. et inviter à voter pour lui".
Décidément, à trop fréquenter les jésuites, on devient
jésuite soi-même !

L’Anarcho-Syndicaliste n° 6
juin 1973
Organe des groupes Fernand PELLOUTIER

L’ASRAS feint de croire que je n’ai été à Limoges que
pour y faire élire un candidat trotskyste !
Or, le Comité Fédéral de l’ASRAS est très exactement
informé (par Prévotel et Salaméro) des conditions dans
lesquelles j’ai été amené à participer à la campagne
électorale à Limoges. Il ne s’agissait pas tellement de
faire voter pour mon ami et camarade Levasseur que de
faire mordre la poussière au candidat néo-socialiste
Georges SARRE.
Autrement dit, beaucoup plus que la participation à une
campagne électorale, les syndicalistes révolutionnaires
de l’ASRAS ne peuvent accepter que j’ai, délibérément,
contribué à l’échec électoral du renégat Georges
SARRE.
Pour ceux, nombreux, qui ignorent qui est Georges
SARRE, il faut préciser que ce triste individu qui s’est
présenté à la section socialiste de Limoges comme
militant catholique, a, à l’instar de Maurice LABI, tenté
d’entraîner à la C.F.D.T. le syndicat de la Fédération
Syndicaliste des P.T.T. dont il avait la charge à la
C.G.T.F.O.
Pour prix de sa trahison, Georges SARRE a été nommé
adjoint de l’ex-ministre de l’Intérieur (et ex-pétainiste de
surcroît) ! François MITTERAND devenu "premier
secrétaire" du nouveau parti socialiste.
A la lumière de ces explications, on s’aperçoit clairement
pour le compte de qui l’ASRAS travaille lorsqu’elle s’en
prend au groupe Fernand Pelloutier.
Il faut d’ailleurs reconnaître que ces attaques surviennent
avec beaucoup de retard. Dès le lendemain des
élections, l’appareil stalinien s’est déchaîné après moi, en
dépit du fait que la défaite de SARRE avait permis de
faire élire ... une candidate du P.C.F.!
Mais ce communiqué était-il bien nécessaire pour nous
faire connaitre ce que recouvre l’ASRAS, c’est-à-dire,
finalement, une officine au service de la C.F.D.T.? Non !
Il suffit de lire Solidarité Ouvrière qui, pour l’essentiel est
consacrée à populariser les positions de la C.F.D.T.
Opposée à tout "travail organique de tendance avec les
marxistes-léninistes", l’ASRAS se place délibérément
dans la perspective du "projet" autogestionnaire, cher à
Edmond MAIRE et à François MITTERAND. Certes, elle
ne court pas le risque d’y rencontrer des "marxistesléninistes"
mais, par contre, elle y rencontrera sûrement
les staliniens. Le projet auto-gestionnaire s’inscrit
parfaitement dans la stratégie de l’Union de la Gauche.
Comme tous les courants, le groupe Fernand Pelloutier
et l’ASRAS ne peuvent éviter de conclure des alliances et
chacun choisit ses alliés.
Nous avons choisi les nôtres, des "marxistes-léninistes"
aux "réformistes", nous nous sentons à l’aise dans le
mouvement ouvrier.
Militants de la C.G.T., notre histoire ne commence pas en
1919. Nous n’avons pas attendu 1973 pour tirer les
leçons de la Commune de Paris.
Précisément parce que nous savons de quoi nous
parlons, nous savons que la "gestion ouvrière", les
"soviets" n’ont rien de commun avec l’autogestion à la
sauce néo-socialiste. Il suffit pour s’en convaincre de
constater que la C.F.D.T. vient de condamner les comités
de grève élus, qui peuvent effectivement conduire aux
soviets !
L’ASRAS préfère s’allier avec les tenants du catholicisme
social c’est son droit, mais cela semble difficilement
compatible avec l’anarcho-syndicalisme.
Disciples d’Emmanuel Mounier qui, de 1940 à 1942 se
vautra dans la révolution nationale de Pétain, les pseudorévolutionnaires
de la C.F.D.T. n’ont rien à voir avec
nous.
Pétainistes avec Mounier, gaullistes avec Jacques
Delors, faux socialistes, faux anarchistes, mais vrais
cléricaux, tels sont les activistes auto-gestionnaires.
Mais ne vais-je pas, une fois de plus, me faire accuser
d’anticléricalisme ?
Eh bien soit ! Je suis un anti-clérical et je professe même
que la soumission au cléricalisme est, pour les individus
comme pour les groupes, la marque de la
dégénérescence.

Alexandre HEBERT