La Rupture avec le bakouninisme et la fin de l’AIT « anti-autoritaire »
René Berthier
Article mis en ligne le 16 juin 2013
dernière modification le 4 novembre 2017

par Eric Vilain

AVERTISSEMENT :

Le contenu de ce document est paru en livre aux éditions du Monde Libertaire sous le titre

La Fin de la première internationale
Éditions du Monde libertaire.

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L’histoire de l’AIT, comme celle de la Commune de Paris, constitue un enjeu politique pour les différents courants d’idées qui y étaient présents, et qui tous ont voulu donner leur interprétation des événements. Malheureusement, le mouvement libertaire lui-même a façonné, autour de cette histoire, une mythologie qui n’a pas contribué à en donner une vision rationnelle. Les militants libertaires d’aujourd’hui ont à l’esprit un certain nombre de schémas et d’idées reçues qui n’ont pu perdurer que parce que les héritiers de Bakounine n’ont pas vraiment examiné les choses avec attention.
L’intention de ce travail est tout d’abord de tenter de faire la lumière sur ces idées reçues, quitte à bousculer les habitudes acquises.

Nous avons voulu montrer que les exclusions du congrès de La Haye avaient produit un terrible traumatisme, mais que ce traumatisme avait provoqué des réactions qui n’étaient pas forcément les plus opportunes. Est apparu dans le mouvement libertaire une sorte de « syndrome de la victime » qui a conféré à Marx et à son entourage le rôle de « méchants » alors même que la conséquence la plus directe des exclusions de La Haye a été une victoire éclatante du courant fédéraliste, concrétisée au congrès de Saint-Imier.
Précisément, l’un des mythes fabriqués autour de l’AIT « anti-autoritaire » est que le congrès de Saint-Imier de 1872 fut en quelque sorte l’acte fondateur de l’« anarchisme ». C’est totalement faux. Saint-Imier fut la victoire du courant fédéraliste, au sein duquel se trouvaient à l’état embryonnaire ce qui deviendra plus tard le syndicalisme révolutionnaire et l’anarcho-syndicalisme, d’une part, l’anarchisme proprement dit, de l’autre.

On oublie trop souvent qu’une partie des fédérations qui ont soutenu la fédération jurassienne après son exclusion ne partageaient absolument pas les options « anarchistes » et étaient favorables à la prise du pouvoir par les urnes. Elles ne partageaient avec la Fédération jurassienne que la conviction que les différentes fédérations membres de l’AIT ne devaient pas se voir imposer une stratégie unique et obligatoire. Il est significatif qu’après la congrès de La Haye, ces fédérations-là disparaissent de la circulation : que sont-elles devenues ? Leur disparition est-elle la conséquence de l’orientation qui se dessine de manière évidente au sein de l’AIT « anti-autoritaire » vers la constitution d’une Internationale avec un programme obligatoire « anarchiste » ? Ce fut de toute évidence une des principales causes du départ de la fédération belge.