Répression antisyndicale et anti-anarchiste en France de la fin de la Commune à la Grande guerre (Première partie)
Première partie
Article mis en ligne le 31 octobre 2014
dernière modification le 12 décembre 2014

par Eric Vilain

Au lendemain de la Commune de Paris, le 22 mai 1871, Adolphe Thiers télégraphie aux préfets de la nouvelle République française : « Le sol est jonché de leurs cadavres ; ce spectacle affreux servira de leçon. » La répression de la Commune a été terrible : elle aurait fait, selon Édouard Dolléans, plus de cent mille victimes. On comprend dès lors que toute trace d’organisations ouvrières ait disparu. Pour éviter qu’elles ne se reconstituent, l’Assemblée nationale vote le 14 mars 1872 une loi – la loi Dufaure – qui punit l’affiliation à l’Internationale d’amendes, de prison, de privations de droits civils.

Il s’agissait aussi d’assurer la « protection » des populations ouvrières contre les grèves qui sont, comme chacun le sait, « le résultat d’une mauvaise pensée, le résultat d’un complot contre l’ordre social ». Il faut empêcher par la peur la reconstitution du mouvement ouvrier en France. La République se montre à cet égard beaucoup moins tolérante que le Second Empire. Chaque tentative de reconstitution d’une quelconque structure ouvrière, même la plus anodine, était suivie d’arrestations et de citations devant un conseil de guerre.