Esquisse d’une histoire du premier parti communiste en France
Article mis en ligne le 10 janvier 2016

par Eric Vilain

CONTEXTE

Le courant syndicaliste révolutionnaire de la CGT avait subi avant la Grande Guerre une lente érosion du fait de la montée inexorable du courant réformiste, de la répression étatique, d’une série d’échecs lors de grèves très dures. De grosses fédérations, dominées par les réformistes avaient en outre adhéré à la CGT, contribuant à modifier le rapport des forces.

A cela il faut également ajouter la complicité entre l’Etat et les réformistes pour déstabiliser le courant révolutionnaire. La signature de la charte d’Amiens fut l’expression de cette régression du courant révolutionnaire. Elle fut votée à une écrasante majorité du congrès de 1906 (830 voix contre 9), ce qui signifiait que les délégués avaient convenu d’un plus petit commun dénominateur, écartant tout ce qui pouvait faire obstacle à une unité de façade. La charte en effet évacuait complètement un certain nombre d’axes révolutionnaires portés traditionnellement par les anarchistes : la lutte contre l’Etat, la critique du parlementarisme, l’antimilitarisme. Ces trois points, considérés comme « politiques », disparaissent du champ d’action de la CGT. Ainsi s’explique que le congrès du parti socialiste, tenu à Limoges peu après celui de la CGT, ait salué chaleureusement les dispositions de la résolution d’Amiens, et qu’il se soit même permis le luxe de reconnaître le principe d’indépendance du mouvement syndical.