MATTHEW CROSSIN : « Interprétation de la théorie de l’État et de l’opposition de Marx à l’anarchisme. — Marxisme, anarchisme et État »

Nous avons traduit pour monde-nouveau.net une étude, « Interprétation de la théorie de l’État et de l’opposition de Marx à l’anarchisme — Marxisme, anarchisme et État », récemment écrite par un jeune Australien et qui figure sur plusieurs sites libertaires anglophones. (Libcom.org, reddit.com, theanarchistlibrary.org, etc.)
Cette étude nous a semblé particulièrement intéressante. Ce qui nous fait regretter que la barrière de la langue maintienne à un si faible niveau le dialogue théorique et historique entre nous, francophones, et les libertaires anglophones.
Cette étude est accompagnée d’un appareil de notes extrêmement fourni aussi intéressant que le texte lui-même, dont une grande partie aurait pu – mais c’est un défaut mineur — être intégrée dans le corps du texte.
Nous nous sommes épargnés le travail fastidieux consistant à chercher les équivalents en édition française des citations anglaises contenues dans le texte : la plupart des textes cités de Marx, Engels, Bakounine, Proudhon etc. sont connus et facilement accessibles aux lecteurs francophones.
R.B.

Article mis en ligne le 20 septembre 2020

par Eric Vilain

L’objectif de cet essai est de réévaluer les points de vue de Karl Marx, de son proche partenaire Friedrich Engels et de leurs contemporains anarchistes sur la question cruciale de « l’État »[2]. Plus précisément, je soutiens que les interprétations dominantes de Marx n’ont pas abordé de manière satisfaisante son analyse variée et contradictoire de l’État, de son rôle (s’il existe) dans la construction d’une société socialiste et de la manière dont celui-ci a en même temps chevauché et est entré en conflit avec la vision anarchiste. Mon analyse est divisée en trois parties : Dans la première partie, j’examine le Marx du Manifeste communiste et d’autres travaux antérieurs, en faisant valoir que c’est dans ce matériel[3] que nous trouvons l’indication la plus claire d’une praxis centralisée et étatiste[4]. La deuxième partie concerne le Marx de l’Association internationale des travailleurs[5], responsable de La guerre civile en France et de divers écrits moins connus. Je soutiens que ce travail ultérieur démontre des changements contradictoires dans sa pensée et documente des divergences avec les lectures « orthodoxes » et « libertaires »[6] de cette période[7]. Enfin, dans la section III, la nature incohérente de l’analyse finale de Marx est comparée à la position anarchiste. Je soutiens que Marx et Engels ont développé une conception toujours changeante de l’État, que ce soit avec cynisme ou par simple ignorance – qu’eux-mêmes et leurs partisans ont longtemps utilisée pour déformer et discréditer la principale alternative à leur cadre théorique et à leur mouvement.