1848 : Quand Marx liquide le premier parti communiste de l’histoire… et s’en fait exclure
Article mis en ligne le 4 décembre 2012

par Eric Vilain

Dire que le Manifeste communiste est l’expression de la « première irruptionu prolétariat comme force politique indépendante sur la scène
politique » est une exagération idéaliste. La publication du Manifeste,
dont l’encre était à peine sèche lorsque débuta la révolution de 1848
en Allemagne, passa d’autant plus inaperçue que les auteurs firent
tout ce qu’ils purent pour qu’il ne soit pas diffusé. Cela conduisit
Marx à dissoudre le premier parti communiste de l’histoire, puis à en
être exclu, comme on va le voir.

La révolution allemande de 1848 constitue littéralement un test qui
permet de vérifier le cadre conceptuel élaboré par Marx. Or, dès le
début de la révolution de 1848, Marx et Engels tenteront de freiner le
développement d’un mouvement ouvrier autonome en minimisant son
importance relative. Les événements, en effet, ne peuvent que se plier
à la matrice initiale de toutes les révolutions inspirée de la Révolution
française, au schéma selon lequel la première tâche du prolétariat est
d’oeuvrer à la constitution d’un État national libéré de l’absolutisme.
Pour cela, il faut que la bourgeoisie prenne d’abord le pouvoir.

Or dans la mesure où l’accession de celle-ci au pouvoir est une condition
incontournable de la révolution sociale ultérieure, la lutte aux côtés de
la bourgeoisie libérale pour une constitution, pour les libertés
démocratiques, devient une priorité, une tâche à laquelle le prolétariat
doit s’associer, non pas conditionnellement, mais en abandonnant ses
propres revendications, son propre programme.