Henk Canne-Meijer : LE MOUVEMENT DES CONSEILS EN ALLEMAGNE
1938
Article mis en ligne le 30 mai 2013
dernière modification le 8 avril 2024

par Eric Vilain

En novembre 1918, le front allemand s’effondra. Les soldats désertèrent par milliers. Toute la machine de guerre craquait. Néanmoins, à Kiel, les officiers de la flotte décidèrent de livrer une dernière bataille : pour sauver l’honneur. Alors, les marins refusèrent de servir. Ce n’était pas leur premier soulèvement, mais les tentatives précédentes avaient été réprimées par les balles et les bonnes paroles. Cette fois-ci, il n’y avait plus d’obstacle immédiat ; le drapeau rouge monta sur un navire de guerre, puis sur les autres. Les marins élurent des délégués qui formèrent un Conseil.
Désormais les marins étaient obligés de tout faire pour généraliser le mouvement. Ils n’avaient pas voulu mourir au combat contre l’ennemi ; mais ils demeuraient dans l’isolement, les troupes dites loyales interviendraient et, de nouveau, ce serait le combat, la répression. Aussi les matelots débarquèrent et gagnèrent Hambourg ; de là, par le train ou par tout autre moyen, ils se répandirent dans toute l’Allemagne. Le geste libérateur était accompli. Les événements s’enchaînaient maintenant rigoureusement. Hambourg accueillit les marins avec enthousiasme ; soldats et ouvriers se solidarisaient avec eux, ils élirent eux aussi des Conseils. Bien que cette forme d’organisation ait été jusque-là inconnue dans la pratique, un vaste réseau de Conseils ouvriers et de Conseils de soldats couvrit promptement, en quatre jours, le pays. Peut-être avait-on entendu parler des Soviets russes de 1917, mais alors très peu : la censure veillait. En tout cas, aucun parti, aucune organisation n’avait jamais proposé cette nouvelle forme de lutte.