Radio libertaire et la guerre du Golfe
Article mis en ligne le 9 avril 2016

par Eric Vilain

Dans une guerre, il y a deux camps, et lorsque des gens comme Bush, Thatcher et Mitterrand sont dans l’un des camps, on doit y aller prudemment avant d’avaler le matraquage médiatique sur la satanisation de l’autre camp...

Par les appels téléphoniques que nous recevions, nous avons constaté qu’a certains égards la guerre du Golfe a provoqué les mêmes effets que l’affaire Dreyfus : la division des familles entre partisans et opposants, d’âpres disputes et parfois des dissensions définitives. Nombreux sont ceux qui se sont définitivement coupés d’amis jusqu’alors proches. Ceux qui refusaient le discours dominant se sentaient terriblement isolés. Radio Libertaire a été pour beaucoup de ceux-là une voix qui brisait cet isolement.

La guerre a été une charnière importante dans l’évolution des rapports que la radio entretient avec ses auditeurs ; « quelque chose » de surprenant s’est passé, une véritable relation s’est créée pendant plusieurs semaines entre les auditeurs et la radio. Nous avons gagné, je pense, un crédit de sympathie auprès de gens qui, en d’autres circonstances, n’auraient jamais écouté Radio Libertaire : tous ceux, toutes celles, quelles que soient leurs origines, qui ne se reconnaissaient pas dans le discours médiatique dominant et qui se sont littéralement réfugiés sur notre longueur d’onde : beaucoup de femmes, et en particulier des maghrébines ; des immigrés ; des Beurs et nombre de ressortissants arabes du Proche-Orient. C’est là quelque chose dont il n’est peut-être pas inutile de raconter, ne serait-ce que sommairement, l’histoire.