René Chaughi : "La Femme esclave" (1901)
Article mis en ligne le 20 juillet 2023

par René Berthier

GAUCHE Henri, Louis, Auguste [dit René Chaughi] [Dictionnaire des anarchistes]
Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy et Dominique Petit

https://maitron.fr/spip.php?article153978,
notice GAUCHE Henri, Louis, Auguste [dit René Chaughi] [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy et Dominique Petit, version mise en ligne le 7 avril 2014, dernière modification le 16 décembre 2020.

Né à Paris IXe arr., le 7 février 1870, mort le 19 juillet 1926 à Élancourt (Seine-et-Oise, Yvelines) ; publiciste anarchiste.

Fils de commerçants en papeterie tenant commerce rue de Provence à Paris, Henri Gauche fut pendant dix ans élève interne au Collège Rollin. Souffrant d’un fort bégaiement l’empêchant de tenir une conversation, ses professeurs lui faisaient « réciter » ses leçons par écrit. Il fut reçu bachelier es lettres à la Sorbonne après avoir répondu par écrit aux examinateurs. Héritier d’une belle somme à la mort de sa mère, il habitait avec son frère aîné attaché au Ministère de la justice, apprit le métier de sculpteur sur bois et commença à fréquenter et à se lier d’amitié avec des ouvriers.

Henri Gauche adhéra au mouvement anarchiste vers 1892. Il collabora à la Révolte et à ses suppléments littéraires (1898-1894) de Jean Grave* et participa à la fondation de La Revue anarchiste (Paris, 8 numéros du 15 août au 1er décembre 1893 ) dont le gérant était Henri Guérin* et qui fut suivie par La Revue Libertaire (5 numéros du 15 décembre 1893 au 20 février 1894) dont il fut secrétaire de rédaction aux côtés de Charles Chatel*, puis le gérant sous le nom de Henri Gange. Il donna aussi quelques poèmes à la revue littéraire La Plume (Paris, 1889-1904).

Début 1894, il fut inquiété et perquisitionné par la police. Dans le numéro 3 de La Revue Libertaire était paru le compte rendu – écrit sans doute par lui-même – d’une perquisition dont il avait été l’objet : « Après avoir flairé son pot de chambre… et pris une photographie de Wagner pour un portrait de cambrioleur, ces messieurs se retirèrent… Henri Gauche ayant depuis, mystérieusement disparu – assassiné sans doute par sa famille, de biens stupides bourgeois – sa place en cette revue sera désormais occupée par le camarade Henri Gange… qui le connut le mieux… et lui ressemble du reste étonnamment. » A cette même époque et suite à l’arrestation de Jean Grave et à sa condamnation en février 1894 à deux ans de prison, il aida Ledot dit Mercier à publier encore quelques numéros de La Révolte qui cessa définitivement de paraître le 10 mars 1894. Il rejoignit ensuite Henri Guérin* en Belgique, puis alla en Hollande.

De retour à Paris en mai 1894 sous le nom de Henri Gange, il fut arrêté ce même mois avec Beaulieu dit Henri Beylie* lors de l’affaire de l’attentat de Liège (voir Cyprien Jagolgowski) dans lequel était soupçonné à tort leur compagnon Henri Guérin. Lors de la perquisition la police avait saisi diverses lettres écrites à Guérin ainsi qu’un testament léguant sa part d’héritage à Jean Grave pour la propagande anarchiste. Interné à Mazas, Gauche ne tarda pas à être libéré après que son innocence ait été prouvée dans l’affaire de Liège.

Henri Gauche, qui pendant toute l’incarcération de Grave à Clairvaux l’aida financièrement, fut ensuite un des premiers collaborateurs des Temps Nouveaux (Paris, 4 mai 1895 - 8 août 1914) et de ses suppléments littéraires sous la signature de René Chaughi ; il le resta pendant vingt ans et subventionna souvent et anonymement le journal. « Timide et un peu bègue, il avait toujours une attitude effacée, il se contentait d’écouter » (cf. Plus Loin, 15 septembre 1926). Quelques-uns de ses articles furent réunis en brochures. Henri Gauche collabora également au Courrier européen et à de très nombreux titres de la presse libertaire francophone.

Il fit part à Max Nettlau de ses vastes connaissances sur la bibliographie de l’anarchie ; il parlait couramment l’anglais et fut, un temps au moins, espérantiste.
En 1914, Gauche fut volontaire et s’engagea (cf. La Bataille syndicaliste, 10 août 1914). Dans une lettre écrite à Girard*, lettre datée 20 février 1916, il disait s’être trompé. Il appartenait alors à la 6e section COA stationnée au Mans (Sarthe).

Après la guerre Henri Gauche participa aux réunions mensuelles du groupe des Temps Nouveaux avant de se retirer à Elancourt (Seine-et-Oise) où il est décédé le 19 juillet 1926.