Stirner n’est pas un anarchiste, il n’est pas non plus un individualiste. Il n’en reste pas moins un représentant essentiel de la postérité de Hegel et c’est à ce titre-là qu’il mérite d’être étudié. Ce qui fonde la critique stirnérienne est la liquidation de tout ce qui est sacré parce que c’est là une source d’asservissement ; non seulement la religion en tant que telle, mais aussi toute idéalisation : le bien, la liberté, l’amour etc. On le voit donc mal sacraliser l’individu. Sa préoccupation, c’est son individualité.
Les générations d’anarchistes dits individualistes qui ont pris l’« égoïste » de Stirner à la lettre ont fait un contre-sens. Pour Proudhon et Bakounine, la société est la condition du développement de l’individualité ; pour Stirner, l’individualité un état qui se conquiert contre la société. Ce sont deux approches radicalement opposées. En fait, Stirner mériterait d’être classé comme précurseur de la psychanalyse.