La dialectique est une méthode argumentative et une méthode d’analyse. Elle n’est donc en aucun cas la réalité. C’est une méthode consistant à examiner une idée à partir de points de vues opposés afin de dégager ce qu’elle contient implicitement.
On énonce une affirmation (la thèse) : Socrate fait reconnaître à un interlocuteur que « dire vrai, ne pas induire en erreur, se rendre utile, c’est chose juste ; dire faux, d’autre part, faire du tort, induire en erreur, c’est chose injuste » . On cherche ensuite ce qui pourrait contredire cette thèse (l’antithèse) : Socrate fournit un exemple de justice où on a menti : puisque c’est juste de se rendre utile à ses amis, il est juste de le faire « même en les induisant en erreur, par Zeus ! » Socrate énonce donc une synthèse qui rassemble ce que la thèse et l’antithèse ont de commun : « Nous concluons donc, semble-t-il bien, que dire le faux, aussi bien que dire le vrai, est chose juste et injuste. »
Cette synthèse est une nouvelle thèse plus élaborée à partir de la-quelle on peut faire une itération, c’est-à-dire une répétition du processus thèse-antithèse-synthèse qui permet, par des améliorations et précisions successives, de parvenir à une conclusion qui contienne tous les aspects du problème. Socrate conclut que ce qui est juste est ce qui contribue à la réalisation du bien – même, éventuellement, en mentant. On comprend que le terme de « dialectique » soit assimilé dans le langage courant à une argumentation oiseuse et tordue conduisant à dire n’importe quoi et son contraire. La dialectique est, dans le langage courant, l’art de discuter subtilement et habilement de toutes choses. Il y a là une confusion avec la rhétorique.
N’étant qu’un procédé d’exposition, on ne peut pas parler de « la » dialectique. Tous les philosophes ont eu « leur » dialectique, chacun ayant pu apporter des variantes dans sa manière de découvrir la réalité derrière les apparences. Georges Gurvitch, dans Dialecti-que et sociologie, expose les dialectiques respectives, et fort différen-tes, de Platon, Plotin, Kant, Fichte, Hegel Proudhon et Marx. Il n’entre évidemment pas dans l’objet de ce travail d’aborder les diffé-rences entre les dialectiques de ces auteurs.