SUR LA DIALECTIQUE
René Berthier
Article mis en ligne le 9 août 2011
dernière modification le 21 février 2021

par Eric Vilain

La dialectique est une méthode argumentative et une méthode d’analyse. Elle n’est donc en aucun cas la réalité. C’est une méthode consistant à examiner une idée à partir de points de vues opposés afin de dégager ce qu’elle contient implicitement.

On énonce une affirmation (la thèse) : Socrate fait reconnaître à un interlocuteur que « dire vrai, ne pas induire en erreur, se rendre utile, c’est chose juste ; dire faux, d’autre part, faire du tort, induire en erreur, c’est chose injuste » . On cherche ensuite ce qui pourrait contredire cette thèse (l’antithèse) : Socrate fournit un exemple de justice où on a menti : puisque c’est juste de se rendre utile à ses amis, il est juste de le faire « même en les induisant en erreur, par Zeus ! » Socrate énonce donc une synthèse qui rassemble ce que la thèse et l’antithèse ont de commun : « Nous concluons donc, semble-t-il bien, que dire le faux, aussi bien que dire le vrai, est chose juste et injuste. »

Cette synthèse est une nouvelle thèse plus élaborée à partir de la-quelle on peut faire une itération, c’est-à-dire une répétition du processus thèse-antithèse-synthèse qui permet, par des améliorations et précisions successives, de parvenir à une conclusion qui contienne tous les aspects du problème. Socrate conclut que ce qui est juste est ce qui contribue à la réalisation du bien – même, éventuellement, en mentant. On comprend que le terme de « dialectique » soit assimilé dans le langage courant à une argumentation oiseuse et tordue conduisant à dire n’importe quoi et son contraire. La dialectique est, dans le langage courant, l’art de discuter subtilement et habilement de toutes choses. Il y a là une confusion avec la rhétorique.

N’étant qu’un procédé d’exposition, on ne peut pas parler de « la » dialectique. Tous les philosophes ont eu « leur » dialectique, chacun ayant pu apporter des variantes dans sa manière de découvrir la réalité derrière les apparences. Georges Gurvitch, dans Dialecti-que et sociologie, expose les dialectiques respectives, et fort différen-tes, de Platon, Plotin, Kant, Fichte, Hegel Proudhon et Marx. Il n’entre évidemment pas dans l’objet de ce travail d’aborder les diffé-rences entre les dialectiques de ces auteurs.