Victor Griffuelhes. – L’ACTION SYNDICALISTE
Article mis en ligne le 20 mai 2021

par Eric Vilain

...On assiste, en effet, aujourd’hui, à un curieux spectacle. Les uns s’efforcent de rattacher les origines du mouvement ouvrier aux principes posés par la conception anarchiste ; les autres s’appliquent, au contraire, à les trouver dans la conception socialiste, — je veux dire dans la conception socialiste telles que la tradition et l’histoire de ces trente dernières années nous les ont fait connaître.

A mon sens, le mouvement ouvrier actuel ne remonte à aucune de ces deux sources. Il ne se rattache directement à aucune de ces deux conceptions qui voudraient se le disputer : il est le résultat d’une longue pratique créée bien plus par les événements que par tels ou tels hommes. Et cette pratique est loin d’avoir eu une marche régulière : les incohérences la caractérisent, les contradictions la jalonnent. Et il en est ainsi, parce qu’elle n’est pas le produit d’une action exercée en vertu seulement de principes, mais d’une vie chaque jour renouvelée et modifiée.
Voilà la vérité : la vie ouvrière s’est renouvelée et modifiée par un perpétuel mouvement auquel ont pris part des hommes animés de conceptions philosophiques différentes.

L’action ouvrière est comme la terre tournant autour du soleil. La gravitation s’opère par suite d’un mouvement que la terre fait sur elle-même ; c’est dans le mouvement quotidien que l’action ouvrière se développe et marque ses progrès. Ces progrès ne sont par conséquent pas, à mes yeux, l’expression d’une science ou d’une formule, mais la résultante d’efforts continus.