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Radio Libertaire dans la mobilisation contre la première guerre du Golfe en 1990 – 1991
Felix Patiès

Référence électronique
Félix Patiès, « Radio Libertaire dans la mobilisation contre la première guerre du Golfe en 1990 –1991 », RadioMorphoses [En ligne], 8 | 2022, mis en ligne le 27 décembre 2022, consulté le 01 janvier 2023. URL : http://journals.openedition.org/radiomorphoses/3057

Article mis en ligne le 23 octobre 2023

par Eric Vilain

Face à cette montée des tensions internationales au Moyen Orient et l’absence de tout discours hostile à la guerre dans les médias, les anarchistes de Radio Libertaire vont mettre en place une programmation spéciale. Leur radio FM devient la plaque tournante d’une contre-information en région parisienne afin de lutter contre le conditionnement et le matraquage des messages guerriers et belliqueux. La radio devient alors un outil de mobilisation : contre-information, débats, interventions des auditeurs par téléphone, retransmissions des assemblées générales des comités contre la guerre, couvertures des manifestations, programmation musicale antimilitariste et pacifiste. Sur le plan politique, cette crise permet également aux animateurs de la Fédération anarchiste de se confronter à des questions concernant le Moyen Orient sur lesquelles ils n’avaient jusque-là jamais eu à prendre position. Finalement, la guerre du Golfe est rapide, mais de cet épisode d’intenses mobilisations, les anarchistes espèrent consolider durablement leur programmation sur les questions internationales et fidéliser un nouvel auditoire issu de l’immigration en France.

Le 12 janvier 1991, les secrétaires de la Fédération Anarchiste (FA) se réunissent en cellule de crise afin de faire le point en cas de guerre dans le Golfe persique. Les anarchistes s’opposent à la guerre et veulent intensifier leur campagne antimilitariste et d’incitation à la désertion. De nombreux jeunes déserteurs se présentent à Publico, la librairie qui accueille le siège de la FA, et à Radio Libertaire afin d’y trouver une exfiltration. Mais les anarchistes n’ont aucune solution pratique à proposer. Dans ces conditions, certains secrétaires redoutent la saisie de Radio Libertaire du fait de l’intensification d’allers et venues à Publico de jeunes déserteurs. Alain, un secrétaire de la FA, propose que les œuvres de la FA (Monde Libertaire, Radio Libertaire) informent sur le sujet sans provocation inutile. Les secrétariats anticipent le pire : « En cas d’aggravation de la situation, de menaces, nous prévoyons des tours de garde du studio, pour renforcer les équipes en place et pour assurer l’accueil des chaussettes à clous…

Les numéros de téléphone d’avocats sont affichés dans le studio, au cas où ! »1. De plus, Yves Peyraut, secrétaire à l’association de Radio Libertaire, s’engage à prévoir du matériel de secours en cas de saisie2. Enfin, si la guerre dure, les anarchistes envisagent même la clandestinité. Le secrétariat prévoit également un meeting commun le 22 mars 1991 à l’espace Voltaire, avec d’autres organisations anarchistes comme la Confédération nationale du travail (CNT), l’Organisation communiste libertaire (OCL) et l’Union des anarchistes (UA).