AIT : L’EXPÉRIENCE PRATIQUE DE LA SOLIDARITÉ
René Berthier
Article mis en ligne le 10 août 2011

par Eric Vilain

A partir de 1866, un mouvement de grèves se répand en
s’amplifiant dans toute l’Europe, et dont la répression souvent féroce
ne fait qu’accroître l’influence de l’Internationale, créée seulement
deux ans auparavant. Les grèves, qui avaient jusqu’alors un caractère
fortuit, deviennent de véritables combats de classe, qui permettent
aux ouvriers de faire l’expérience pratique de la solidarité qui leur
arrive, parfois, de l’étranger :
– Grève des bronziers parisiens en février 1867, collectes
organisées par l’AIT ; grève des tisserands et fileurs de Roubaix,
mars 1867 ; grève du bassin minier de Fuveau, Gardanne, Auriol,
La Bouillasse, Gréasque, avril 1867-février 1867, adhésion des
mineurs de Fuveau à l’AIT ; l’essentiel de l’activité des sections
françaises consistera à partir de 1867 à soutenir ces grèves et en
actions de solidarité pour épauler les grèves à l’étranger.

– En Belgique, grève des mineurs de Charleroi, réprimée
durement par l’armée et qui entraîne un renforcement de l’AIT ;
grève des tisserands de Verviers qui veulent conserver leur caisse
de secours dans l’AIT ; grève des voiliers à Anvers ; l’AIT
soutiendra les grévistes par des fonds. Toute la partie
industrialisée de la Belgique est touchée par l’AIT.

– A Genève, grève des ouvriers du bâtiment, déclenchée dans
une période favorable de plein emploi, bien conduite, qui se
termine avec succès. Solidarité internationale efficace. Un
délégué au congrès de l’AIT à Bruxelles déclara : « Les
bourgeois, bien que ce soit une république, ont été plus méchants
qu’ailleurs, les ouvriers ont tenu bon. Ils n’étaient que deux
sections avant la grève, maintenant ils sont vingt-quatre sections à
Genève renfermant 4 000 membres. »