La Revue Anarchiste n°4 (avril 1922)
Luigi Fabbri : L’attitude de la Troisième Internationale envers les anarchistes
Article mis en ligne le 9 décembre 2012
dernière modification le 6 novembre 2016

par Eric Vilain

Source : La Presse Anarchiste

Il y a encore chez certains de nos camarades de l’incertitude sur
la position à prendre à l’égard de la IIIe Internationale. Bien que les
raisons de principe qui nous éloignent d’elle soient évidentes, la
crainte d’aider par une opposition trop ouverte les adversaires
bourgeois et social réformistes qui combattent la IIIe Internationale
non pour ce qu’elle a de démocratique et d’autoritaire, mais pour ce
qu’elle contient de révolutionnaire et pour l’influence excitante qu’elle
exerce sur les masses, cette crainte pousse quelques camarades à
négliger les côtés qui nous séparent de l’Internationale Moscovite.
Certains autres, quoique voyant fort bien que si nous nous
laissions entraîner par le courant bolchevique, en peu de temps le
mouvement anarchiste disparaîtrait, et que les anarchistes se
renieraient eux-mêmes en ce qui constitue leur principale raison
d’être, espèrent réussir à ne pas se laisser absorber par le parti
bolchevique naissant, mais bien à exploiter son prestige en faveur
de la révolution, avec l’idée, à un certain moment, d’agir par soimême
et de désobéir aux chefs communistes : ce qui équivaudrait à
dépouiller le parti communiste de son autorité en entraînant les
masses (sur lesquelles, entre temps, ils auraient acquis un certain
ascendant) vers