CGT 1912 : « Le prolétariat contre la guerre et les trois ans »
Avant-propos de René Berthier
Article mis en ligne le 1er octobre 2018

par Eric Vilain

Il y a un siècle se terminait la Première Guerre mondiale, une boucherie qui fit 18,6 millions de morts dont 8,9 millions de civils. Cette guerre n’est pas survenue sans être annoncée. Depuis longtemps les organisations ouvrières en France l’avaient prévue et tenté de mettre en œuvre les moyens de l’éviter, par des mesures prises au niveau national en France, mais aussi par des propositions d’action faites aux organisations ouvrières allemandes.
L’initiative la plus marquante de la CGT fut sans doute l’organisation d’une grève générale contre la guerre, en 1912. Le procès-verbal de ce congrès est précédé des différentes résolutions votées par le mouvement syndical depuis la Première internationale, à commencer par celle qui fut votée au congrès de Lausanne, en 1867. C’est dire que la CGT affirme clairement sa filiation avec l’AIT.

La lecture du procès-verbal du congrès extraordinaire de 1912, qui fut consacré à la discussion sur la grève générale de protestation contre la guerre, est absolument incontournable pour comprendre réellement les événements. Cette grève fut décidée à l’issue d’un congrès convoqué en un temps record. On y perçoit l’énorme amertume des dirigeants confédéraux devant le mépris avec lequel ils ont été traités lors de chacune de leurs tentatives auprès de leurs homologues allemands pour parvenir à une action commune en cas de guerre. On y voit les tentatives des réformistes pour minimiser systématiquement la passivité des dirigeants d’outre-Rhin et tenter de raccrocher la CGT à la politique de la social-démocratie, alors même que celle-ci a tout fait pour évacuer tout débat sur l’action à mener en cas de déclenchement d’une guerre.