GASTON LEVAL Espagne 36-39. – Chapitre V : La collaboration politique
Article mis en ligne le 2 décembre 2012

par Eric Vilain

Quoique le but de ce livre soit la description, aussi exacte que possible,
des réalisations économico-sociales de la Révolution libertaire espagnole
dans la période 1936-1939, l’auteur croit indispensable d’exposer, même
très succinctement, pour faciliter la meilleure compréhension de certains
faits, les conditions politiques dans lesquelles ces réalisations ont été
entreprises et conduites. Il en a déjà été question dans le chapitre intitulé
Matériaux pour une Révolution ; mais il nous faut ajouter, surtout pour les
lecteurs informés des idées et des doctrines libertaires, des précisions
indispensables.

On a vu que l’éclatement de cette révolution avait fait partie de la
réplique de l’extrême gauche à l’attaque franquiste. Cette extrême gauche,
en l’occurrence la C.N.T. et la F.A.., avait toujours fait, et fait toujours
profession de foi d’un antigouvernementalisme et d’un antiétatisme
intransigeants. Or, pour la première fois dans l’histoire, nous voyons
l’organisation libertaire la plus puissante du monde, qui avait toujours
proclamé la supériorité, et son choix motivé de l’action directe ; qui par
conséquent aurait rejeté comme une mauvaise plaisanterie l’idée d’entrer
un jour dans un ministère, envoyer au gouvernement quatre ministres qui
ont nom Juan Peiro (ministre de l’Industrie), Juan Garcia Oliver (ministre
de la Justice), Juan Lopez, (ministre du Commerce extérieur) et Federica
Montseny, anarchiste extrémiste et démagogue intransigeant s’il en fut,
(ministre de la Santé). Auparavant, trois autres ministres – appelés
pudiquement « conseillers » en catalan, – étaient entrés au gouvernement
de Barcelone, appelé pudiquement Généralité.